Il y a un échange continu, à double sens, intelligent, entre corps et cerveau. Lors d’une activité physique, il est prouvé que c’est le corps, pourtant toujours considéré comme simple « exécuteur », qui parle à notre cerveau, influençant ainsi positivement son fonctionnement comme nous le verrons par la suite.
Mais faisons un pas en arrière : la dépression, considérée comme le mal de notre siècle, est souvent causée par un déséquilibre hormonal, lié à un déficit des neurotransmetteurs qui favorisent le bien-être.
La pratique régulière de l’activité physique inverse cette tendance, augmentant la sécrétion naturelle de ces mêmes neurotransmetteurs : sérotonine (bonheur – pour simplifier), endorphine (joie), dopamine (plaisir) , adrénaline et noradrénaline, et diminuant la production de cortisol (qui induit un état de stress).
Les effets physiologiques du sport sur notre cerveau
« Émotion » . Du latin movere qui signifie « mettre en mouvement ».
Chacune de nos émotions primaires s’exprime par un mouvement : le désir nous pousse à atteindre l’objet de notre envie, la colère à l’attaque, la peur à la fuite, l’anxiété de l’abandon à nous réfugier dans l’étreinte affectueuse d’un autre être humain. Le mouvement est dans notre nature : instinctif, ancestral, essentiel. Chaque fois que nous inhibons une émotion et le mouvement qui y est associé, nous en payons le prix en termes de santé : poussée d’adrénaline, vasoconstriction, hypertension. Notre corps tout entier nous révèle le coût de ne pas exprimer nos émotions par le mouvement, qui procure une véritable décharge de ressentis négatifs.
Pour le décrire autrement, le cerveau adore vivre chez une personne qui pratique de l’activité physique au quotidien, puisqu’il nécessite du mouvement, mouvement qui impacte positivement sur son fonctionnement au sein des différentes régions..
Le système limbique, le plus ancien, est peuplé par nos émotions, régule notre l’humeur. L’activité physique nous aide à augmenter le taux de sérotonine, le principal neurotransmetteur qui booste notre moral et qui habite – outre notre intestin (à 90%) – le lobe limbique de notre cerveau (10 % restants). Mais cela accroit aussi les endorphines, les molécules de la joie. Quant au système neurovégétatif, qui gère nos biorythmes (sommeil, faim, paramètres vitaux…) il est présidé par deux « commandants » : le système nerveux dit parasympathique, gardien de la paix, et le système nerveux sympathique, général de guerre, qui joue un rôle primaire nous poussant à réagir avec efficacité face aux véritables dangers. Mais si notre monde stressant du troisième millénaire et nos rythmes de vie nous portent constamment à interpréter tout comme un potentiel danger, on finit par vivre dans un état permanent d’agitation, qui entraine une inflammation générale de l’organisme, terrain fertile pour le déclenchement des pathologies les plus variées (dépression comprise). Mais là aussi, le mouvement physique quotidien vient nous sauver, baissant l’inflammation.
Baisse d’inflammation qui est favorable aussi au système cognitif, à la source de nos pensées les plus originales : plus notre hygiène de vie est inadaptée, plus les molécules inflammatoires (cytokines) augmentent et, voyageant dans le sang et parcourant les fibres nerveuses, inondent le cerveau, affectant son fonctionnement et notre capacité de concentration. Il n’est pas rare que des sportifs nous racontent que des idées formidables leur soient survenues pendant l’entrainement, et ceci arrive parce que le cerveau peut formuler des associations de manière tout à fait libre et non compressée. Eureka !
Quant au système moteur, les bénéfices sont plusieurs : quand on fait du sport on stimule les muscles, mais on augmente aussi la dextérité du cerveau qui devient de plus en plus précis dans le contrôle de nos mouvements. Les muscles, de leur coté, relâchent des substances nourrissantes utiles à la croissance et à la réparation des fibres motrices et des neurones, prenant ainsi soin de la partie motrice qui les commande. Notre corps est une symphonie parfaite, n’est-ce pas ?
… et ses effets psychologiques
Comme disaient les anciens romains : « mens sana in corpore sano » (ndlr, esprit sain dans un corps sain).
Jouer, sauter, nager, danser, faire du vélo, jouer au tennis (!) enthousiasment le corps et le cerveau, réduisent la dépression et l’anxiété, récompensent et motivent grâce à la joie et au bonheur physique qu’ils procurent. Le sport améliore l’état du corps, le rendant plus agile, tonique, athlétique ; il optimise la perception, l’image et l’estime de soi, le sentiment d’exister et de le faire avec enthousiasme, brisant l’isolement et augmentant les niveaux d’énergie.
Au contraire, comme il a été constaté par différentes études réalisées pendant la pandémie, notamment chez des jeunes adultes, l’inactivité physique conduit l’esprit et le corps à être engorgés d’émotions négatives et toxiques. L’overdose de réseaux sociaux appauvrit le cerveau. L’utilisation minimaliste du langage, avec des traits de mots syncopés (resto, frero) et des émoticônes, réduit l’activation de nombreuses zones cérébrales, mine la capacité de concentration, décapite l’architecture raffinée de la pensée et des émotions.
Que pouvons-nous apprendre de nos athlètes ? Le constat est clair : l’activité physique quotidienne est le premier facteur d’équilibre énergétique et de santé à tout âge. Le sport est de plus en plus reconnu par la communauté scientifique comme un allié naturel afin de faire face aux états dépressifs : l’Association européenne de psychiatrie recommande l’activité physique comme partie intégrante de la thérapie (pharmacologique et/ou psychologique). Il est important que la pratique sportive soit modérée et proportionnelle au niveau d’entraînement de la personne, puisque seulement à cette condition elle peut exercer tout son pouvoir anti-inflammatoire. Pas de place pour la frustration contre sa propre performance et pour la compétition malsaine.